Quand les injonctions parentales influent sur le scénario de vie

Fondée par le médecin psychiatre américain Eric Berne, l’analyse
transactionnelle est un outil précieux en psychothérapie. Elle permet de
mieux se connaître et d’améliorer ses échanges avec les autres, appelées
« transactions »dans le langage de l’outil.
Si ses concepts peuvent paraître un peu simples, il n’en est rien en réalité.
Ainsi, grâce à la notion de « scénario de vie », étudiée dans le cadre de ma
reconversion professionnelle, j’ai appréhendé quel était le mien, quelles
« injonctions » j’avais reçues de mes parents.
Que faire ensuite avec tout cela ? Réfléchir d’abord, poser par écrit, faire le
point sur les conséquences des injonctions reçues, évaluer l’impact qu’elles
ont eues sur notre façon de voir le monde et de nous y comporter.
Et comme la réflexion est le premier pas vers l’action, conscientiser c’est
déjà y voir plus clair, c’est un premier élan vers une modification de sa façon
de voir les choses, les autres, les situations.
Les injonctions reçues déterminent une partie du caractère et
conditionnent les décisions personnelles
Il existe 12 injonctions négatives en Analyse Transactionnelle, ou
« messages » qui sont donnés par les parents durant l’enfance. Ces
messages ne sont pas délivrés verbalement, mais inconsciemment, c’est
donc de la même manière qu’ils sont intégrés par l’enfant :
– N’existe pas
– Ne sois pas toi-même
– Ne sois pas un enfant
– Ne grandis pas
– Ne réussis pas

– Ne fais pas
– Ne sois pas important
– N’appartiens pas
– Ne sois pas proche
– Ne sois pas en bonne santé
– Ne pense pas
– Ne ressens pas
Ces messages pré-verbaux, l’enfant va les intégrer de façon subconsciente.
Ils auront une incidence sur sa façon de se comporter, de réagir aux
événements. Il peut choisir de le/les refuser, les transformer positivement.
Vous pouvez vous dire « Comment mon parent aurait-il pu m’ordonner
inconsciemment de ne pas grandir ? » Un exemple tout simple dans une
fratrie : c’est parfois cette injonction qui est transmise au petit dernier, le plus
protégé, le plus couvé. Inconsciemment, il lui est demandé de rester petit !
S’il transgresse cette injonction, toujours inconsciemment, il peut ressentir
un malaise corporel, par exemple, il se lance dans des activités sportives à
risque : il va y aller avec plaisir mais au moment de passer à l’acte, ressentir
des palpitations, avoir des suées… ce n’est pas forcément le stress du
danger qui joue ici, mais l’injonction reçue. Il « désobéit » à cet ordre reçu de
ne pas prendre de risque, de ne pas oser, de ne pas grandir. Et son corps le
lui dit. Il peut aussi devenir un adulte incapable de se prendre en charge. Cf.
le fameux « Tanguy » du film.
Injonctions et conséquences : ce qu’on m’a « demandé », comment j’ai
« répondu »
J’ai distingué facilement 4 injonctions reçues de mes parents durant mon
enfance :
– N’existe pas (traduire : je peux continuer à exister tant que je fais ce qui
est attendu…)

– Ne sois pas un enfant (traduire : comporte-toi comme un adulte dans
certaines situations)
– Ne sois pas proche (évite l’intimité physique, instaure une distance)
– Ne ressens pas (ressens cette émotion, mais ne l’exprime pas)
J’ai traduit la première injonction, « n’existe pas », par : pour avoir le droit
d’exister, sois sage, travaille bien (en classe, mon piano…), ne « réponds
pas ». Cela a généré une forte discipline personnelle : je suis bosseuse, je
vais au fond des choses, j’aime apprendre et m’en donner les moyens, me
surpasser, comprendre, analyser.
La deuxième « ne sois pas un enfant« , m’a incitée à ne pas faire de bruit,
ne pas me faire remarquer, être polie, ne pas déranger les adultes. Cette
injonction a développé en moi un côté introverti, beaucoup dans
l’observation. Je ne me fais pas remarquer, j’ai des codes de communication
très policés. Je suis aussi, plus positivement, très responsable, et fidèle à
mes engagements.
La troisième, « ne sois pas proche« , a été reçue de mon père, personnalité
secrète, peu encline à l’expression des sentiments. Conséquence : je suis
sur la réserve, je montre rarement mon affection, j’ai peu de gestuelle
affective, j’ai une réticence au contact physique, je montre donc mon
affection autrement (même si j’ai fait de sérieux progrès par rapport à une
certaine époque !)
A la quatrième « ne ressens pas ! » (traduite par « ressens cette émotion si
tu veux mais ne l’exprime pas ! »), j’ai décidé de contester, et d’explorer le
champ du ressenti par la voie artistique et créative, la musique, l’écriture.
Toutefois, si j’ai perçu les limites de cette injonction en décidant de ne pas
me priver d’expériences riches en émotions et sensations, cette dernière
injonction m’a « collé aux basques » : je ravale toujours mes émotions, de la
plus légère à la plus intense, surtout quand elle est difficile. L’émotion légère

sera exprimée par un sourire, l’émotion désagréable voire pire, par le
silence.
Rien n’est joué : on peut toujours modifier son scénario de vie !
Bien évidemment d’autres éléments que les injonctions contribuent à
dessiner la matrice du scénario de vie. De même que l’enfant reste libre de
ce qu’il va faire des injonctions (et contre-injonctions) reçues de ses parents.
De même aussi qu’un scénario n’est jamais définitif et peut-être modifié par
tout individu, sous réserve de prendre quelques risques.
Si cela vous parle, un ouvrage très intéressant sur l’Analyse
Transactionnelle, simple à lire et très pédagogique :
« L’analyse transactionnelle », d’Alain Cardon, Vincent Lenhardt et Pierre
Nicolas, Editions Eyrolles Pratique
» Que dîtes-vous après avoir dit bonjour ? « , d’Eric Berne, Tchou

2 réflexions sur “Quand les injonctions parentales influent sur le scénario de vie”

  1. Je travaille actuellement sur un génogrogramme
    ..de nombreux éléments pourraient l’être intérécents
    cordialement

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